Cette année c’était au tour de Nicolas Rey, Pierre Morel,
Serge Hazanavicius ou encore Pascale Clarke, de décider, sous la présidence de
l’éternel Claude Lelouche, qui des 50 présélectionnés recevraient les 8 prix
convoités.
C’est donc dans un Cinéma L’arlequin rempli qu’avait lieu la 4ième édition du
mobile film festival, un rendez vous qui gagne chaque année en envergure et
rappelle à tous les cinéphiles gavés de superproductions que c’est avec le
minimum que l’on développe les meilleurs idées.
Le principe ? Rien de plus
simple, des courts métrages d’une minute filmés avec et rien qu’avec des
téléphones portables.
Comme chaque année les 50 films présélectionnés étaient
visibles sur le site internet du festival pendant le moi précédent la remise
des prix, sujets au vote du public.
Cette édition 2009 fut quoiqu’il en soit l’occasion de prouver que le concept
avait encore de beaux jours devant lui. Déjà éclectique en 2008, la sélection
2009 découvre de nouvelles perles d’inventivité, chronique sociale express,
films d’animation, réflexion sur la violence, plans séquences magiques ou
sketchs absurdes, les mobilo caméramans ont redoublé d’astuciosité, si bien
qu’il serait cruel de ne résumer le festival qu’aux simples lauréats, nous ne
pouvons donc que vous invitez Ă visitez le site internet (lien en bas de la
page) pour y voir l’intégralité des présélectionnés, toujours visibles sur la
page d’accueil.
La cérémonie s’est ouverte sur le prix du publique « Blitzkrieg », un
sympathique court métrage de Morgan Simon, gentiment cynique, mettant en scène
le thème fondamental de la drague dans les cafés, simple mais efficace.
C’est
malgré tout avec le prix de l’esthétique que la cérémonie s’envole doucement
vers un ailleurs. Filmé à hauteur de téléphone, le portable de David Taylor
insuffle lentement la vie aux deux rondins tragicomiques du court film
d’animation « Bois d’Amour ». Le prix du meilleur scénario apporte lui au
festival une touche de violence froide.
Compte rendu robotique d’un massacre
qui rappellerait colombine, orchestrĂ© par l’étrange AurĂ©lien Nevers (dĂ©jĂ
nominé l’an dernier pour un plan séquence âpre et presque abstrait mettant en
scène un accident de la route) il ramène le portable à son rôle d’implacable
fenêtre pixélisée sur l’horreur du quotidien, d’une jeunesse qui s’écroule
devant sa propre absence.
Le prix de la meilleure actrice rĂ©compensait quant Ă
lui dans le film « Reflets » la performance d’une jeune fille mettant en scène,
armée d’un seul miroir, la dualité d’une adolescente au bord du suicide.
C’est donc avec un peu de soulagement que l’on accueil le prix spécial du jury,
« Menace II Mobile » de Soum Dembélé, Remake hilarant d’une scène de « Menace
II society », ou le jeune rĂ©alisateur interprète un Ă un tous les personnages Ă
la manière d’un « Be Kind, Rewind » de Michel Gondry et le prix du meilleur
comédien « Répète et… Répète » de Michel Siar, blague absurde dans lequel le
comédien se donne la réplique à lui même via son ordinateur grâce à un
astucieux plan séquence, autour d’un dialogue sans queue ni tête.
Les prix du meilleur plan séquence, décerné à « faire le mur » de Baptiste
Kasprowiecz pour son incompréhensible talent à danser sur le plafond (on
cherche encore l’astuce), et de la meilleur utilisation technique du portable
pour « élément » de Ugo Vital Durand, nous ramèneraient presque aux origines du
cinéma, quand il fallait faire croire beaucoup de choses, avec peu de moyens.
Mais celui qui tire immanquablement son épingle du jeu dans cette soirée, C’est
Yohann Delozier avec « mon quart d’heure ». Mise en scène fine, drôle et
émouvante, du fossé qui sépare les jeunes de leurs fantasmes, de la lente chute
de leurs rêves vers une torpeur ankylosée mais pas dénuée d’âme.
Ainsi, plan
pixélisé par plan pixélisé, le jeune réalisateur superpose à des images de
banlieues sombres et désabusées, des commentaires retraçant d’une voix saturée
à la limite de l’inaudible le lancement, le sommet puis la chute de sa vie de
star.
En peu de temps, comme une évidence qui s’installe, le jeune homme semble
nous imposer sa propre vision de la caméra téléphone, un outil tragicomique du
quotidien, pour filmer ce qu’on peut, en rêvant de ce qu’on n’a pas.
Simon Crabot
Les Lauréats :
« Mon quart d’heure »
Yohann Delozier : Meilleur film mobile
http://fr.mobilefilmfestival.com/video.php?id=760
« Elément »
Ugo Vital Durand : Meilleur utilisation technique du mobile
http://fr.mobilefilmfestival.com/video.php?id=688
« Faire le mur »
Baptiste Kasprowiecz : Meilleur plan séquence
http://fr.mobilefilmfestival.com/video.php?id=675
« Répète et… Répète »
Michel Siar : Meilleur comédien
http://fr.mobilefilmfestival.com/video.php?id=740
« Reflets »
Anthony Faye : Meilleur comédienne
http://fr.mobilefilmfestival.com/video.php?id=695
« Menace II Mobile »
Soum Dembélé : Prix spécial du jury
http://fr.mobilefilmfestival.com/video.php?id=665
« Le dernier jour d’école »
Aurélien Nevers : Meilleur scenario
http://fr.mobilefilmfestival.com/video.php?id=707
« Bois d’Amour »
David Taylor : Film le plus esthétique
http://fr.mobilefilmfestival.com/video.php?id=735
« Blitzkrieg »
Morgan Simon : Prix du public
http://fr.mobilefilmfestival.com/video.php?id=677
[2009-02-18]
Source : Simon Crabot
Nicolas