Présentation
14° Edition - Créé en
1997
Pour cette nouvelle édition du festival de l'Académie Bach, la programmation permet d'explorer les liens entre l'âme et le corps: Anima e Corpo.
Dans le monde chrétien, l’être humain est le terrain d’un affrontement interminable entre l’âme et le corps. Si la première est promise à l’éternité, le second est mortel et appelé à disparaître. Suspect d’être cause de nos faiblesses, le corps est regardé avec méfiance, voire avec mépris. Pourtant, comme le disaient les philosophes scholastiques du Moyen-âge, il n’est rien dans l’esprit qui ne soit d’abord passé par les sens, donc par la perception de notre enveloppe corporelle. Cette dualité entre l’âme et le corps, source de multiples approches artistiques, constituera le fil conducteur de notre programmation 2010.
Une place particulière sera accordée à la musique à danser. Tous les historiens de la musique le savent, la danse constitue la base de la pratique musicale du XVIIe siècle et du début du XVIIIe. Ainsi que Molière le fait dire à ses personnages au début du Bourgeois Gentilhomme, « la musique et la danse, c’est là tout ce qu’il faut ». En Europe, tout le monde danse, les peuples et les rois, Louis XIV en tête. Mais comme l’écoute de ces musiques à danser de France, d’Ecosse ou d’Italie du sud ne suffit pas, nous vous proposons aussi de pratiquer, le temps d’un bal, les danses de cour du début du XVIIe siècle.
Nous voyagerons aussi dans le temps, à la recherche des rythmes de la musique antique telle que l’imaginaient les artistes de la Renaissance, et dans l’espace, à la découverte des chants de confréries musulmanes. Un détour par la musique classique indienne nous placera devant un changement complet de perspective. En Inde, le corps et l’esprit sont deux versants d’une même réalité. L’un ne peut exister sans l’autre. Le corps est le seul point de contact avec le reste du monde ; à ce titre, il mérite toutes les attentions.
A travers ce parcours se révélera peut-être la conception baroque de la musique, composée d’expériences « qui ne doivent pas être attribuées à l’âme seule, ni aussi au corps seul, mais à l’étroite union qui est entre eux » (Descartes).
Jean-Paul Combet
Line-up
DOULCE MEMOIRE, Denis RAISIN DADRE, Taghi AKHBARI, Nader AGHAKHANI - Benjamin LAZAR, Louise MOÄTI, Alexandra RÜBNER - Yves RECHSTEINER - CHŒUR DE CHAMBRE DE ROUEN, Daniel BARGIER - ACCORDONE, Guido MORINI, Marco BEASLEY, Pino De VITTORIO - LES MUSICIENS DE SAINT-JULIEN, François LAZAREVITCH, Annie DUFRESNE - Henry-Charles CAGET – Rémy CARDINALE - LOS MUSICOS DE SU ALTEZA, Luis Antonio GONZALEZ, Olalla ALEMAN, Marta INFANTE, Gabriel DIAZ, José PIZZARO, Jésus GARCIA AREJULA – Sylvain « Nandi » WATMANN, Helmut « Hanuman » WAIBL - DAEDALUS, Roberto FESTA – Gustav LEONHARDT …
Association Académie Bach
1 rus le Barrois, BP26
76880 Arques la Bataille
France
Tel :
Fax : 02 35 85 79 85
Jeudi 26 août, à 15h et à 22h30
Bois des Moutiers - Varengeville sur Mer
Benjamin LAZAR, comédien et metteur en scène
Louise MOATI & Alexandra RÜBNER, comédiennes
Les Fables
Jean de La Fontaine n’aurait jamais pu imaginer que ses Fables atteindraient un jour une notoriété quasi universelle. Destinées à un public cultivé, sensible au sous-entendu et au mordant de l’ironie, elles ne déploient leur force que dans l’énergie du mot incarné dans la voix du comédien, face au public. Tant il est vrai que le Verbe baroque est, avant tout, d’essence théâtrale.
Jeudi 26 août, à 20h30
Eglise de Varengeville sur Mer
DOULCE MEMOIRE, direction Denis Raisin DADRE
Taghi AKHBARI, chant persan - Nader AGHAKHANI, târ
Laudes – Confréries d’Orient et d’Occident
Durant la seconde moitié du XVIe siècle, l’Eglise catholique entreprend de reconquérir les faveurs des fidèles, face au développement rapide des idées de la Réforme. La musique fait partie du dispositif, notamment à travers la pratique des Laudes, extrêmement répandue dans les confréries, ces groupements de laïcs à vocation dévotionnelle. La simplicité apparente de leur structure, alternant couplets et refrain dans une répétitivité qui confine à la transe mystique, révèle une parenté extraordinaire avec les formes musicales pratiquées par les confréries musulmanes. Musiques corporelles, musiques d’ivresse...
Vendredi 27 août, à 11h
Eglise d’Arques-la-Bataille
« Matinale » entrée libre
Yves RECHSTEINER, orgue
CHĹ’UR DE CHAMBRE DE ROUEN, direction Daniel BARGIER
Danse profane, danse sacrée – De Buxtehude à Johann Sebastian Bach
Les parcours proposés par l’Académie Bach ces dernières années ont mis en évidence la place centrale du texte dans la musique d’orgue baroque allemande. En ce sens, l’instrument de l’église ou du temple faisait la preuve de sa capacité déclamatoire, au même titre que le chanteur ou le prédicateur. Ecoutons-le aujourd’hui dans un tout autre rôle, profane cette fois-ci. Car l’orgue, instrument du culte, fut, lui aussi, touché par le déferlement de la danse qui séduisit toute l’Europe baroque. Passacailles, chacones, gigues, c’est l’opéra qui entre à l’église !
Vendredi 27 août, à 20h30
Eglise d’Arques-la-Bataille
ACCORDONE, direction Guido MORINI
Marco BEASLEY, chant - Pino De VITTORIO, chant, guitare
Fra’ Diavolo
Terre de rencontre des cultures grecque, romaine, arabe, normande, le sud de l’Italie est encore le lieu de traditions musicales issues de la nuit des temps, comme la tarentelle, danse thérapeutique, rituelle et magique. Témoignage d’un monde rural en train de disparaître, dans lequel l’Homme et la Nature ne faisaient qu’un, ce répertoire musical ne laisse pas ses auditeurs indemnes. Servie par des interprètes d’exception, une expérience sensorielle autant qu’un concert.
Vendredi 27 août, à 22h30
Eglise d’Arques-la-Bataille
LES MUSICIENS DE SAINT-JULIEN, direction François LAZAREVITCH
Annie DUFRESNE, soprano
For ever fortune - Musique ancienne d’Ecosse
Consacré aux airs de danses, chansons et grounds écossais, dont on sait le charme si mystérieux, ce programme séduira tout autant les amateurs de musique ancienne que traditionnelle. Une musique du quotidien, conviviale, conçue pour le bal, le divertissement domestique ou le concert, extraite de recueils édités au cours du XVIIIe siècle.
Samedi 28 août, à 11h
Eglise d’Arques-la-Bataille
« Matinale » entrée libre
Yves RECHSTEINER, orgue & Henry-Charles CAGET, percussions
Danse profane à la messe – L’Espagne catholique
Samedi 28 août, à 17h
Eglise de Colmesnil-Manneville
RĂ©my CARDINALE, pianoforte
« Des mains de Haydn »
Le pianoforte, qui prend son essor à la fin du XVIIIe siècle, sollicite de plus en plus l’investissement physique de l’interprète au fil de l’évolution de sa facture. Haydn et surtout Beethoven sont les acteurs de cette évolution, qui vise à mobiliser non seulement l’attention mais aussi l’émotivité du public.
Samedi 28 août, à 20h30
Eglise d’Arques-la-Bataille
LOS MUSICOS DE SU ALTEZA, direction Luis Antonio GONZALEZ
Olalla ALEMAN, soprano, Marta INFANTE, soprano, Gabriel DIAZ, alto, José PIZZARO, ténor, Jésus GARCIA AREJULA, basse
CHĹ’UR DE CHAMBRE DE ROUEN, direction Daniel BARGIER
Requiem de José de Nebra
Composée pour les funérailles de la reine d’Espagne en 1758, cette messe de Requiem permet de découvrir un des musiciens les plus inventifs du XVIIIe siècle. Héritière du rituel grégorien, la messe des Morts se transforme, à l’époque des Lumières, en méditation théâtralisée sur le destin individuel de chacun. Ressentir le tragique de la nature humaine, tel est le propos d’un rituel qui connaîtra son apogée chez les Romantiques.
Samedi 28 août, à 22h30
Eglise d’Arques-la-Bataille
Sylvain « Nandi » WATMANN, sourbahar
Helmut « Hanuman » WAIBL, pakhawaj
Raga du soir - Musique ancienne de l'Inde. Concert de sourbahar & dhroupad.
Bien qu’issue de racines communes, la musique classique indienne diffère de celle de l’Occident par la pratique, encore actuelle bien que menacée, de la modalité. Celle-ci, que l’on ne saurait limiter à une « gamme » sonore, fut aussi le fondement des musiques grecque antique et médiévale. Impossible à définir par une formule unique, chaque raga est un cheminement musical qui demande à l’auditeur à la fois l’attention et l’abandon. Raga de la nuit, raga de l’aube, deux rendez-vous pour que la musique accompagne sans violence le mouvement des heures.
Dimanche 29 août, à 11h
Eglise Saint-RĂ©my de Dieppe
« Matinale » entrée libre
Yves RECHSTEINER, orgue & Henry-Charles CAGET, percussions
Rameau : « Les Sauvages » et autres airs
Dimanche 29 août, à 10h
Salle Corentin Ansquer - Rouxmesnil-Bouteilles
Atelier danse
Yvon GUILCHER, cofondateur de l’atelier de la danse populaire
Dimanche 29 août, à 16h
Salle Corentin Ansquer - Rouxmesnil-Bouteilles
LES MUSICIENS DE SAINT-JULIEN, direction François LAZAREVITCH
Bal - Et la fleur vole - Airs Ă danser autour de 1600
Précédé d’une conférence d’Yvon GUILCHER à 14h30
Dimanche 29 août, à 21h
Eglise d’Arques-la-Bataille
LES MUSICIENS DE SAINT-JULIEN, direction François LAZAREVITCH
Annie DUFRESNE, soprano
Concert - Et la fleur vole
A la fois musique, mouvement, récit et facteur de cohésion sociale, les rondes ou les chaînes dansées n’ont pas d’âge. N’ayant plus subsisté que dans les campagnes jusque dans un passé relativement proche, elles étaient pourtant omniprésentes autrefois dans toutes les couches de la société. Selon les circonstances, elles étaient chantées par les danseurs eux-mêmes ou accompagnées aux instruments.
Au tournant du XVIIe siècle, le répertoire d’airs de cour est fortement empreint de ces rythmes et tournures mélodiques « populaires ». Et la fleur vole est le fruit d’un choix subtil d’airs de danses et d’airs de cour, à expérimenter dans le contexte d’un vrai bal sous la conduite d’un des meilleurs spécialistes, Yvon Guilcher, avant de le redécouvrir au concert.
Lundi 30 août, à 8h
Eglise d’Arques-la-Bataille
Sylvain « Nandi » WATMANN, sourbahar
Helmut « Hanuman » WAIBL, pakhawaj
Raga de l’aube - Musique ancienne de l'Inde. Concert de sourbahar & dhroupad.
Deuxième temps de musique indienne, en compagnie du sourbahar, instrument à cordes ancien proche du sitar, mais à la sonorité plus grave et ample. Selon la pratique traditionnelle, il sera accompagné du pakhawaj pour la percussion et du tampura, autre instrument à cordes mais à sons fixes, qui donne le support harmonique. Sylvain Watmann a suivi un apprentissage de la musique en Inde pendant plus de dix ans avec Pushpraj Koshti, un des derniers maîtres du sourbahar.
Lundi 30 août, à 20 h 30
Eglise d’Arques-la-Bataille
DAEDALUS, direction Roberto FESTA
Musa Latina
L’humanisme célèbre les fastes d’une Antiquité mythique et glorieuse, onirique et magique. Le rêve de redonner vie à la poésie latine anime un groupe de musiciens qui, à l’aube du XVIe siècle, décident d’en réinventer le son, considérant le rythme comme le moyen le plus efficace pour exprimer la nature profonde d’un texte poétique. Ainsi naît le style déclamatoire de la musique mesurée « à l’antique ».
Musa latina est un voyage dans le passé, dans le souvenir d’un âge d’or, à la source du temps, une fête célèbrant le mythe de Rome et de ses muses.
Lundi 30 août, à 22h30
Eglise d’Arques-la-Bataille
Gustav LEONHARDT, clavecin
Bach et son cercle
Parce que son écriture est d’une inventivité sans pareille, parce qu’elle manifeste un sens aigu de l’équilibre et de l’architecture, on fait souvent de Bach un musicien de l’abstraction. Pourtant, à l’égal d’un orateur, Bach est avant tout un créateur de l’éloquence et du discours. Et sous les doigts de Gustav Leonhardt, le clavecin devient porteur d’un langage qui dépasse les mots.